Par François Lefebvre, M. Sc., agr., superviseur technique avicole
Voilà un autre été qui se termine, marqué par des records météorologiques en tous genres : chaleur extrême tout au long de l’été et des pluies records en août. Un été chaud et humide, en somme.
On aurait pu penser que la croissance et les performances des oiseaux seraient affectées, mais il n’en fut rien. Bien au contraire, la sélection génétique des oiseaux continue de s'améliorer, réduisant ainsi les besoins alimentaires. Pour des poulets atteignant 2,30 kg, les conversions alimentaires varient désormais entre 1,45 et 1,50. En d’autres termes, 1,45 kg de moulée permet aujourd'hui d’obtenir 1 kg de poids vif. Il y a 35 ans, il fallait 49 jours pour atteindre ce poids, contre seulement 34 jours aujourd'hui. C’est tout simplement phénoménal, et bon pour la planète ! Nous nourrissons plus de gens, plus rapidement, avec moins de nourriture.
Mais d’où vient cette progression extraordinaire ? Si l'on examine les organes internes des poulets, ceux-ci n'ont pas changé de taille depuis 35 ans : le cœur, les poumons et les intestins sont similaires. En revanche les oiseaux d’aujourd’hui sont plus musculaires et plus maigres que les oiseaux d’antan, ce qui constitue souvent un défi pour la régie des oiseaux reproducteurs pour le maintien de la ponte. Les poules ont besoin d’un certain niveau de gras comme réservoir d’énergie pour les œufs à pondre. Néanmoins les consommateurs de poulets BBQ ont plus de protéine et moins de gras dans leur assiette qu’auparavant pour un même poids de poulet.
Alors, d’où vient cette croissance accélérée et la baisse de consommation alimentaire des oiseaux modernes ?
La sélection des oiseaux destinés à la reproduction est un processus constant. À chaque génération, on retient les mâles et les femelles qui présentent la meilleure croissance, puis on les croise. Cette méthode a pour conséquence de favoriser les poulets qui mangent davantage et plus fréquemment que ceux qui grossissent moins vite. Le secret réside dans l’intestin.
Cet organe, qui transforme tout ce qu’on lui donne à manger pour le convertir en chair et en os, est tellement important qu’il utilise à peu près 20% de la moulée pour son fonctionnement. Ce pourcentage peut augmenter en cas de perturbation physiologique. Le développement, l'intégrité, la flore bactérienne et le bon fonctionnement de l’intestin sont des éléments clés à surveiller. C’est ici que le travail de l’éleveur devient très important.
Le développement de l’intestin est un sujet dont on parle depuis plusieurs années, et son importance est plus grande que jamais. À leur arrivée à la ferme, les poussins sont encore, à mes yeux, des embryons, même s’ils sont déjà sortis de l’œuf. Leur développement n’est pas terminé. Les trois premiers jours de l’arrivée sont extrêmement critiques pour le développement de l’intestin : atteinte d’une longueur maximale et d’un système digestif optimal. Pendant cette période critique, les poussins ont besoin d’un environnement idéal en termes de température, de qualité de l’air et de luminosité, afin de pouvoir se concentrer sur leurs seules priorités : manger, boire, dormir et avoir du fun!
Les recherches confirment ces observations. Les poussins doivent manger dès leur arrivée, et ce, plusieurs fois par jour. Pour qu’ils soient actifs et puissent se nourrir fréquemment, il est impératif qu’ils soient confortables. La nourriture doit être bien présentée et l’eau doit être d’une qualité irréprochable, exempte de tout agent pathogène. À cet âge, l’intestin des poussins est très perméable, ce qui signifie que la présence de bactéries pathogènes peut rapidement entraîner des infections en pénétrant directement dans leur sang et se retrouver partout où ça fait mal!
Nos recherches ont également révélé que le système d’eau est l’un des principaux points critiques dans une ferme avicole. C’est souvent dans et SUR ce système que l’on trouve les plus fortes concentrations de bactéries. Les coupes situées sous les tétines d’abreuvement sont particulièrement problématiques, abritant une charge bactérienne considérable. Il serait préférable de supprimer ces coupes afin de réduire les risques de contamination. Quand on pense aux défis rencontrés ces dernières années avec les problèmes d’Enterococcus, allez voir dans vos coupes!
Bien que les oiseaux d’aujourd’hui affichent une croissance phénoménale et nécessitent peu de nourriture, leur intestin reste fragile. Le moindre déséquilibre peut entraîner des maladies nécessitant des traitements antibiotiques, ce qui se traduit par une baisse des performances et une conversion alimentaire plus élevée que celle prévue par le potentiel génétique.
Heureusement, des solutions existent. Après chaque élevage, une étape clé consiste à nettoyer et désinfecter rigoureusement le système d’abreuvement, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il doit être impeccable, sans la moindre trace de bactéries.
Ainsi, vous serez prêts à accueillir vos nouveaux poussins pour le prochain élevage, contribuant à la réduction de l’empreinte écologique grâce à de meilleures conversions alimentaires et une gestion facilitée.
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